« Madame », une artiste inspirée par le temps qui passe

De Versailles à Singapour, du Vietnam à la Provence, le chemin emprunté par Valérie Lallement pour devenir l’artiste Madame, n’a été ni express, ni figé. Et pourtant, c’est bien parce que le temps a figé sa trajectoire initiale qu’elle y a puisé son inspiration artistique. Portrait. (par Tiphaine Beausseron)

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Valérie Lallement, alias Madame de son nom d’artiste, s’est laissée happée par l’Art sous la contrainte de la maladie. Cette diplômée de droit, puis de marketing-management-communication à l’Essec, ne s’était pourtant pas destinée à la voie artistique. Elle l’avait plutôt réprimée sous la pression familiale pour s’orienter vers une carrière d’entrepreneuse solo d’abord, avec associés ensuite. Dans le bien-être du corps d’abord, dans le coaching et le vin ensuite. 

Qui sait si l’art serait entré dans sa vie comme il l’a fait, si, justement, la vie ne lui avait pas imposé une pause forcée. Car la maladie va la forcer à ralentir le rythme et à penser autrement. Cette pause forcée, qui va s’étirer à coup d’aiguilles à tricoter et de crayons, la pousse à questionner le temps et ce qu’on en fait. Une épreuve inattendue qui finit par la ramener vers l’experssion artistique.

En 2013, elle intègre l’école des Beaux-Arts de Versailles en deuxième année et assume de donner une nouvelle direction à sa carrière ; de nouveaux horizons aussi car, pour suivre son mari, elle quitte la France et s’installe à Singapour.  «Je n’ai pas pu terminer ma formation aux Beaux-Arts, mais j’ai été très bien accueillie à Singapour et j’ai pu exposer rapidement en galerie» se souvient Valérie. 

Un prix à la seconde du temps qui passe 

C’est là-bas qu’elle crée une collection intitulée « Time is money », une série de dessins sur papier réalisés au Polychromos Faber-Castell ™  . «Je lançais le chrono dès que le crayon touchait la feuille. Je laissais les mouvements de mes doigts dessiner sans but précis sous l’influence de la répétition du mouvement. Une fois l'oeuvre terminée, j’arrêtais le chrono. L’oeuvre était ensuite vendue par la galerie à un prix fixé à la seconde du temps passé pour l’accomplir» raconte l’artiste qui veut, par cette démarche, forcer le spectateur à s’interroger sur le rapport au temps. «Finalement, mon oeuvre est esthétique par accident. Je ne cherche pas à créer de l’émotion. J’invite à se questionner » complète celle qui confie que dessiner est pour elle une forme de méditation et un apaisement. «C’est peut-être pour cela que la forme abstraite de mes dessins a quelque chose de méditatif et de spirituel » remarque l’ancienne expatriée. 

Extrait de la collection “Eyelet” de l’artiste “Madame”

Extrait de la collection “Eyelet” de l’artiste “Madame”

En effet, quatre années à Singapour, une autre au Vitenam, et une séparation plus tard, Valérie revient en France en 2019. La proximité d’établissements scolaires offrant une section internationale pour ses deux ados bilingues, justifie le choix de l’ancrage géographique. La lumière chaude et enveloppante de Provence, le bleu des calanques,  l’ocre des massifs, le vert sec de la végétation, l’accueil d’une population brassant aussi bien locaux, étrangers qu’ex-expatriés finissent de la convaincre, que c’est le bon endroit pour jeter l’ancre, et prendre un nouveau départ. 


Retour au coaching

Qui aurait pu prédire qu’en 2020, le temps - en tout cas, les temps de production et de commercialisation et des rencontres - serait mis à mal par une crise sanitaire planétaire. La maladie encore, mais cette fois, à l’échelle pandémique, force à nouveau Valérie à se renouveler.

L’épisode Covid-19 a entraîné l’annulation ou le report de la majorité des salons régionaux d’artistes en 2020. Se faire connaître et se démarquer dans une région qui foisonne d’artistes de talent, relève d’un travail de Titan qui demande du temps…un temps suffisamment conséquent pour se faire l’ennemi de l’argent. Alors, sans abandonner son activité artistique, Valérie la complète avec une activité indépendante de coaching pour hypersensibles, hauts potentiels et expatriés et s’intéresse notamment à l’art-thérapie. Accompagnée par Provence Création d’Entreprises, elle renoue ainsi avec sa fibre entrepreneuriale sans délaisser son talent artistique. 


Extrait de la Collection “Time Is Money” de l’artiste “Madame” - Polychromos-on-paper-42x59.4-2016 - 17th May 2016

Extrait de la Collection “Time Is Money” de l’artiste “Madame” - Polychromos-on-paper-42x59.4-2016 - 17th May 2016


En dates :

1973 : naissance à Châlons-en-Champagne

2003 : affectée par longue maladie 

2013 : entre aux Beaux-Arts de Versailles et prend le nom d’artiste « Madame »

2019 : retour en France et installation à Aix-en-Provence

madame-art.com


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Extrait de la collection “Time is Money” de l’artiste “Madame

Polychromos-on-paper-42x59.4 - 14th May 2016


Confidence d’artiste

P&Y : Une citation qui vous a marqué votre vie d'artiste ?

Madame : “Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? Le cadeau d'un homme à l'humanité, un fragment de lui, de sa capacité à extérioriser une émotion à un instant donné”. Cette phrase qui m’a été dite par une personne qui souhaite restée anonyme m’a beaucoup marquée et me guide souvent.


Christmas Pop-Up shop

Mamade présente ses oeuvres à la vente sur son pop-up shop Facebook du 7 au 15 décembre 2020. Pour y accéder, cliquez sur l’image ci-contre =>=>=>




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