Hervé Heyraud fondateur des éditions lepetitjournal.com

De journaliste à expatrié, de conjoint suiveur à entrepreneur, Hervé Heyraud a créé son entreprise, seul, dans sa chambre à Mexico, pour rester actif et faire ce qu’il aimait là où le travail de son épouse l’avait emmené. C’était il y a 20 ans. Aujourd’hui, il navigue entre Paris et la Provence où il réside, pour piloter un journal présent dans près de 70 villes à travers le monde. Interview - (Propos receuillis par Tiphaine Beausseron)

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Quand et comment avez-vous entamé votre aventure entrepreneuriale ? 

En 1998, j’étais journaliste et j’ai suivi ma femme à Mexico qui avait eu l’opportunité de travailler là-bas pour le compte de Mane, l’un des plus importants producteurs français de senteurs et de compositions aromatiques. Là-bas, je me suis reconverti dans la création de site web à l’heure où internet faisait ses premiers pas. Parallèlement, j’ai animé une revue en ligne pour le compte de l’ambassade de France. On sélectionnait des articles de la presse française, on les traduisait en espagnol et on les présentait au public mexicain. Progressivement, je me suis rendu compte que la communauté française du Mexique avait besoin de maintenir le lien avec la France et qu’il lui manquait un canal pour s’informer localement en français. C’est ainsi que l’idée du Petit Journal  est née.

Par quoi avez-vous commencé ? 

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J’ai démarré dans ma chambre et j’ai conçu le site d’abord comme une newsletter, comme un journal qu’on recevrait dans sa boite aux lettres ou celui qu’on lit dans le métro le matin : avec de l’information générale et de l’information locale, en français ; de l’information distillée comme des petits résumés, histoire de maintenir le lien, c’est d’ailleurs aussi pour cela que je l’ai baptisé  ‘Le Petit Journal’. Rapidement, il y a eu un site internet sur lequel on retrouvait tous les articles de la newsletter. Seule vraie différence de contenu entre les débuts et aujourd’hui : il n’y avait pas encore d’articles sur l’expatriation. 

Une partie de l’équipe de lepetitjournal.com

Une partie de l’équipe de lepetitjournal.com

Est-ce que le produit était novateur pour l’époque ? 

Oui, car il faut bien se remémorer que le début des années 2000 était aussi celui de l’ère internet. Google s’était créé en 1998, Facebook n’existait pas, Skype non plus. Il y avait un vrai besoin d’information locale pour la communauté française à Mexico. Cela s’est manifesté par un succès d’audience rapide. 

Etiez-vous un entrepreneur dans l’âme ? 

Je dirais plus indépendant qu’entrepreneur. J’ai créé mon média pour rester actif et faire quelque chose qui me plaisait. Si j’avais été un entrepreneur-né, j’aurais fait un business plan et une étude de marché, j’aurais cherché des financements… Grâce aussi aux conditions de vie confortables liées au statut d’expatrié de ma femme, j’ai pu développer le petit journal en autofinancement et en y consacrant beaucoup de temps. Le produit était et reste un journal indépendant, même si aujourd’hui j’ai plusieurs associés. 

Quel modèle économique avez-vous utilisé ?

Celui de la presse gratuite financée par la publicité. Cela a d’abord été un succès d’audience, et rapidement à Mexico, un succès commercial. Ceci m’a permis d’embaucher puis de prendre des bureaux, de trouver des partenaires avec qui on a ouvert une édition à Buenos-Aires en 2002, puis à Barcelone en 2003. 

En dates : 

1998 : Arrivée à Mexico

2001 : lepetitjournal.com est lancé au format newsletter

2005 : Installation à Bangkok, première édition en Asie

2008 : Lancement d’une édition à Londres 

2011 : Retour en France avec sa famille 

2012 : lepetitjournal.com compte 40 éditions locales dans le monde

2013 : Premier ‘Trophée des français de l’étranger’ 

2018 : Première édition américaine à New-york

2021 : lepetitjournal.com fête ses 20 ans. 

Quand et comment avez-vous développé le concept ? 

En 2005, le travail de mon épouse nous a emmenés en Thaïlande où nous nous sommes installés, avec nos 2 enfants. Cela a été l’occasion de lancer l’édition à Bangkok avec Thibaut Devémy, puis Pierre Queffelec aujourd’hui associé. Ce fut un succès et cela m’a conduit à développer le concept dans d’autres villes en utilisant le partenariat. Même si, dans le langage courant, on emploie le mot de franchise pour simplifier, juridiquement il ne s’agit ni de franchise, ni de licence de marque. Les éditions locales sont plutôt des partenaires indépendants qui exploitent la marque et le concept contre un loyer. Les partenaires produisent le contenu local et développent l’audience. Le siège leur donne accès à l’hébergement informatique et à tous les outils de développement et de marketing : référencement, envoi des newsletters, image de marque, kits graphiques et media kit, support éditorial, commercial, technique, formation… L’inventaire publicitaire est partagé qu’il soit local et dégagé par le partenaire ou international et piloté par notre équipe parisienne. Il y a du partage de savoir-faire et de la mutualisation de moyens. 


De retour en France, pourquoi vous êtes-vous installé en Provence ? 

En bref 

lepetitjournal.com est un quotidien en ligne dédié à la communauté des Français expatriés et des francophones. Gratuit et indépendant, le site web regroupe des rubriques thématiques (actu, santé, culture, économie, …) et des infos par ville (bons plans, agenda, sorties, petites annonces…). Créé en 2001 au Mexique, le média est aujourd’hui présent dans près de 70 villes du monde. Après avoir été expatrié à Mexico et à Bangkok, Hervé Heyraud son fondateur, s’est établi à Valbonne, en Provence, pour rester proche de l’employeur de sa femme, ce qui ne l’empêche pas de piloter à distance son entreprise dont le siège est à Paris. 

Nous nous sommes installés à Valbonne pour être à proximité de l’employeur de ma femme qui travaille toujours pour le même groupe, près de Grasse. Toutefois, le siège du Petit Journal est à Paris pour des raisons stratégiques. 

Comment vous êtes-vous organisé au plan personnel ? 

Pendant 8 ans, j’ai fait des allers retours et alterné une semaine à Paris, une semaine dans le sud. Je reconnais que cela était très fatigant et très exigeant mais cela a contribué à notre développement. Depuis 2019, j’ai diminué mes déplacements à Paris, j’ai pris une place dans un espace de co-working près de chez moi avec un collaborateur. Le reste de l’équipe est à Paris. Avec la crise sanitaire du Covid-19, mes déplacements à Paris se sont encore réduits. Cela n’a pas empêché Le Petit-Journal de faire une très bonne année 2020. Et en 2021, nous fêtons les 20 ans du petitjournal.com


En chiffres 

69 éditions locales dans le monde 

110 000 abonnés à la newsletter quotidienne

1,5M de lecteurs chaque mois

30 millions d’articles lus en 2020

350 000 fans sur Facebook

50 collaborateurs directs

250 contributeurs plus ou moins réguliers

2/3 de lecteurs français, 1/3 de lecteurs francophones locaux


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