Les Minettes en Goguette : des vêtements éco-responsables post-cancer
Jolie, simple, agréable et éco-responsable. Voici comment on peut définir Les Minettes en Goguette, la marque de vêtements post-cancer du sein conçue à Marseille par Véronique Gonzalez qui en a eu l’idée, après avoir découvert qu’elle était loin d’être la seule à vouloir retrouver du plaisir à s’habiller une fois les traitements terminés - Tiphaine Beausseron
Interview par Provence & You de Veronique Gonzalez créatrice des Minettes en Goguette
Il y a des femmes que l’épreuve rend plus fortes. C’est le cas de Véronique Gonzalez. En 2016, à 43 ans, elle apprend qu’elle souffre d’un cancer du sein. Après une mastectomie, une radiothérapie et une hormonothérapie, elle reprend le travail. Mais son corps est définitivement changé. Sa peau, devenue ultra sensible à l’endroit de cicatrices, ne supporte plus le contact avec le tissu de ses vêtements habituels. Aux effets secondaires du traitement s’ajoute la transformation de son corps. "J’ai eu envie d’adapter ma garde-robe avec des vêtements au contact agréable et adaptés à ces nouvelles contraintes, mais je ne les ai pas trouvés », raconte cette Marseillaise de cœur qui se met alors à prendre des cours de couture pour fabriquer ses propres vêtements.
C’est en discutant avec son oncologue qu’elle réalise qu’elle n’est pas seule à subir les désagréments de ces effets secondaires et que c’est un sujet peu partagé par les rescapées de la maladie, de femmes qui n’ont surtout pas envie d’ennuyer leurs proches avec ces nouvelles difficultés.
De ce besoin très spécifique, naît donc l’envie de créer des vêtements esthétiques et adaptés à la peau des femmes ayant subi un cancer du sein. En 2020, Véronique quitte son travail pour se lancer dans l’aventure dans l’entrepreneuriat engagé.
Engagé pour les femmes. Engagé pour la planète. Le choix des tissus aux propriétés régénérantes, cicatrisantes et parfois anti-déperlantes et respirantes, ainsi que la sélection des fabricants sont éco-responsables. Parmi les matières sélectionnées pour la confection de certains modèles, le SeaCell™. Ce coton, entièrement composé de fibres biodégradables et d’algues marines, est particulièrement adapté aux peaux sensibles. D’autres modèles sont certifiés OEKO-TEX Standard 100 « ce qui garantit qu'il est sain pour la santé et l’environnement », précise l’entrepreneure.
Quant à la production, elle se fait à la commande pour contribuer à éviter la surconsommation. «Si tous les fabricants arrêtaient aujourd’hui de produire, nous pourrions vivre encore 10 ans sans connaître de pénurie de vêtements. Notre idée est donc de confectionner uniquement ce dont nos clientes ont besoin», souligne celle qui est adepte la slow-fashion.
Chaque modèle est conçu à partir d’une réflexion menée autour d’un ou plusieurs effets secondaires : hypersensibilité de la peau, gonflement des bras, transpiration fulgurante et intense... «Pour chaque croquis, j’essaye de trouver une solution : une longueur de T-shirt légèrement plus longue pour ne pas dévoiler un ventre gonflé, une taille ou des emmanchures plus larges pour éviter des frictions sur les cicatrices, des brassières intégrées adaptées aux prothèses » explique Véronique. Objectif : créer des vêtements qui s’adaptent à notre corps et non l’inverse. Avec une modéliste, la créatrice teste la forme et les tissus jusqu’à ce qu’elle se sente parfaitement bien dans le vêtement.
3 questions à Véronique sur l’Entrepreneuriat
Le plus difficile dans l’entrepreneuriat ? Les montagnes russes émotionnelles
Le plus plaisant ? La liberté d’organisation
Votre plus grande fiérté ? Avoir osé me lancer
En 2022, la marque a lancé une campagne de crowdfunding pour l’aider à financer l’ensemble de lingerie, le maillot de bain et le tee-shirt de la première collection. Actuellement, une dizaine de modèles ont été conçus et sont disponibles à la commande avec u délai de 5 à 6 semaines, sur le site web de la marque. «L’objectif 2023 est de pouvoir ouvrir un atelier-boutique à Marseille pour permettre à celles qui le souhaitent de venir toucher les matières et essayer sur place » détaille la dirigeante des Minettes en Goguette.
Depuis peu, l’entreprise est membre de la French Tech et de ses communautés Coq Rouge et Coq Vert, ainsi que de l’association En Mode Climat. Des reconnaissances importantes pour cette marque qui planche déjà sur ses futurs modèles : « Nous avons eu des retours de femmes qui connaissent d’autres effets secondaires, voire d’autres maladies que le cancer du sein. Nous réfléchissons à des tenues qui prennent encore plus en compte ces besoins », conclut Véronique Gonzalez.
En dates :
1973 : Naissance à Thionville
2016 : cancer du sein
2020 : immatriculation des Minettes en Goguette et entame l’étape recherche et développement
2022 : campagne de Crowdfunding + rejoint la French Tech + lance sa première collection
Plus d’infos : lesminettesengoguette.com
