Sébastien Arcouet et Lionel Borla publient Carnet Marseillais

Préfacé par Rudy Ricciotti, ce livre conçu pendant le confinement, fait voyager le lecteur du sud au nord de la cité phocéenne grâce aux gouaches de l’un et aux textes de l’autre. Interview (Propos recueillis par Tiphaine Beausseron).

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P&Y : Vous publiez Carnet Marseillais, un livre qui rassemble vos dessins de Marseille et les textes de Lionel Borla. Pourquoi et comment est né cet ouvrage ? 

S.A. : Fin 2019, j’ai ressenti le besoin de prendre du temps, de contempler la rue et de peindre ce que j’y voyais : les marseillais et quelques paysages. La création de paysages était pour moi un vrai challenge, ayant plutôt l’habitude de me concentrer sur l’individu. À cette occasion j’ai changé de style graphique. Ce changement a tapé dans l’oeil de mon ami et artiste Lionel Borla et lui a inspiré des textes. Il me les a proposés et ils m’ont séduit. De là est née l’envie de créer à deux un ouvrage qui ressemble à un carnet de voyage à travers Marseille.

L.B. : Pour moi les mots sont aussi importants que les images et lorsque j’ai vu les paysages de Sébastien, j’ai tout de suite imaginé un livre qui serait un voyage dans Marseille. Un livre qui ne serait ni un livre d’art, ni un guide touristique, plutôt un voyage immobile dans la ville de Marseille, qui permet de découvrir Marseille autrement, au gré du notre regard d’artistes, deux ‘ART-penteurs’ qui se promènent dans Marseille et font voyager le lecteur à travers les images de Sébastien et mes textes. Nous avons rapidement décidé qu’il y aurait 111 gouaches en clin d’oeil aux 111 quartiers administratifs de Marseille .

P&Y : Le confinement a donné une tournure particulière à ce projet. Comment vous êtes-vous organisé pour travailler durant cette période ?

S.A : En effet, ce projet n’aurait sans doute pas pris vie aussi rapidement, ni eu la forme qu’il a aujourd’hui s’il n’y avait pas eu le confinement. L’immobilité quasi-planétaire a boosté notre élan créatif. Même si nous étions séparés physiquement à cause du confinement, nous avons échangé quotidiennement. De mars à juin, nous avons arpenté séparément la ville et travaillé en complémentarité, l’un écrivant à partir des gouaches de l’autre ou inversement. Tous les jours Lionel écrivait. Tous les jours, je peignais.

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P&Y : Quels ont été vos outils pour la création de ces paysages ? 

S.A : J’ai choisi la gouache qui est une peinture couvrante, capable de donner de la matière et du contraste, mais que l’on peut aussi diluer après séchage. Elle se marie bien avec le bloc de papier Craft qui a été mon support tout au long du projet. J’ai rapidement déterminé une palette de 6 couleurs qui donnent à la fois caractère et unité à l’ensemble des gouaches de l’ouvrage. 


P&Y : Parmi ces couleurs, le bleu est très présent. Seules quelques illustrations en sont dépourvues. Pourquoi ? 

S.A. En effet, le bleu outremer est la couleur maitresse de ces gouaches sur Marseille. Pendant le confinement, j’ai été en rupture de bleu outremer sans savoir dans quel délai me réapprovisionner. Il fallait néanmoins avancer dans le projet. J’ai donc continué à peindre quelques paysages sans bleu. Aujourd’hui, ces dessins prennent une dimension particulière, comme une empreinte laissée par la période très spéciale qu’a été le confinement. 

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P&Y : Avec le Carnet Marseillais, vous avez délaissé le pinceau au profit de la plume. Pourquoi et comment avez-vous travaillé ?

L.B. Il est vrai que c’est la première fois je ne me suis consacré pleinement à l’écriture. J’écrivais tous les jours sans horaires précis suivant mon élan créatif. Contrairement à mon travail pictural, qui est assez méthodique précis et empreint de retenue, mes textes naissent souvent sur le vif, dans l’instant un comme pour mon travail photographique. Si j’ai retravaillé certains textes notamment pour les enrichir de références et précisions, plusieurs d’entre eux ont été produits en un seul jet.

P&Y. Que racontent vos textes ? 

L.B. Mes textes sont une présentation personnelle - issue de mon ressenti, de mes connaissances et de mon regard d’ex-élève architecte - du quartier ou de l’architecture illustrée par Sébastien. 

P&Y : Vous étiez-vous fixé une dead-line ?

S.A : Oui, j’aime travailler en mode projet et lui attribuer une deadline. Cela donne un rythme de travail et un objectif à atteindre. Lionel et moi avions fixé fin juin pour terminer les gouaches et les textes, date que nous avons respectée.

P&Y : Vous avez opté pour l’auto-production et avez utilisé la plateforme de financement  collaboratif KissKissBankBank pour la concrétisation de l’ouvrage. Pourquoi ? 

S.A : L’auto-production nous paraissait être le moyen le plus approprié pour rester libres dans sa réalisation et le choix des quartiers représentés. Parallèlement, nous souhaitions que notre livre soit un bel ouvrage. Le financement participatif nous a paru être l’option la plus appropriée. 

P&Y : En avez-vous été satisfait ? 

S.A : Oui, car nous avons obtenu un financement à 160% de notre objectif. Ce budget initial estimé à 10K€ incluait la collaboration avec un graphiste et un imprimeur, mais également les contreparties destinées aux contributeurs. Par exemple, des impressions en édition d'art (éditions signées et numérotées), des coffrets de cartes postales d'une sélection de gouaches parmi les 111 créées etc…. Le succès de la collecte nous a permi d’imprimer 600 exemplaires. Au-delà du volet financier, les échanges avec les contributeurs et les internautes sur les réseaux sociaux notamment Linkedin et Instagram, nous ont réellement motivés et encouragés durant la période de réalisation. 

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Carnet Marseillais - 20cmx24cm - 204 pages - Prix 35€ 

Disponible sur le site dédié et bientôt dans quelques librairies marseillaises.



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Sébastien Arcouet, artiste autodidacte, entrepreneur intuitif